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NIGHTMARE ALLEY

Un film de Guillermo Del Toro.

 

« Un grand film malade ». L’expression, qui avait été consacrée, en quelque sorte, par François Truffaut, à l’époque où il était critique de cinéma, pourrait convenir, à mon avis, au nouveau film de Guillermo Del Toro. On a affaire, en effet, à un cinéaste de grand talent, qui n’a plus à prouver son savoir-faire, et cependant on a le sentiment, en voyant Nightmare Alley, d’être en présence de quelque chose de bancal, disons à un film semi-raté. Est-ce parce que, pour la première fois peut-être, il manque à cette œuvre un élément récurrent chez ce cinéaste ? On n’y trouve, en effet, aucune de ces créatures fantastiques comme il les aime tant. Non, pour une fois, Guillermo Del Toro a préféré mettre en scène le remake d’un film de 1947, réalisé par Edmund Goulding et paru, en France, sous le titre Le Charlatan.

Néanmoins, même sans créature fantastique, l’univers que décrit cette histoire semble convenir au cinéaste du Labyrinthe de Pan (2006) ou de La Forme de l’eau (2017). D’ailleurs, le début du film, fascinant à souhait, tout comme son final haletant sont du meilleur Guillermo Del Toro. Malheureusement, il n’en est pas de même pour beaucoup d’autres scènes du film, si bavardes qu’elles font bâiller d’ennui. Et pourtant, Dieu sait si l’ouverture en est prometteuse. L’arrivée de Stanton (dit Stan) Carlisle (Bradley Cooper), un vagabond et truand de l’Amérique du début des années 1940, dans une fête foraine itinérante où il parvient à se faire engager comme homme à tout faire, ne manque pas de panache. Ce milieu-là, le cinéaste sait le mettre en scène et en montrer toutes les facettes, y compris les plus sombres (ainsi d’un individu exploité comme un animal de foire, pire même qu’un animal à vrai dire). On pense parfois à Freaks, ce film terriblement impressionnant que mit en scène, en 1932, Ted Browning avec ceux qu’on appelait des « monstres de foire ». Guillermo Del Toro, manifestement, s’est inspiré, en partie, de ce film-là.

Stan Carlisle, homme rusé et manipulateur, parvient non seulement à trouver sa place dans le monde baroque de la fête foraine mais à être initié à l’art des cartes et de l’illusionnisme. En outre, il se lie à Molly (Rooney Mara), l’une des artistes du cirque et, avec elle, finit par prendre la poudre d’escampette pour monter, à New York, son propre numéro de soi-disant voyance, qui n’est, bien sûr, qu’une arnaque. Puis son chemin croise celui d’une psychiatre excentrique, Lilith Ritter (Cate Blanchett), à laquelle il s’attache au point de monter, avec elle, une nouvelle escroquerie de haut vol. En fait, c’est toute cette partie du film qui est la moins intéressante. Malgré son superbe casting, les scènes s’enchaînent de façon presque mécanique et s’appesantissent au moyen de beaucoup de bavardages. Ce n’est que lorsqu’arrivent les scènes finales que, à nouveau, comme à ses débuts, le film prend de l’éclat, devient haletant, captivant comme le meilleur des thrillers. Et l’on en vient même à frémir devant le sort réservé à Stan le charlatan, personnage pourtant bien peu sympathique.  

7/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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