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HIT THE ROAD

Un film de Panah Panahi.

 

Fils du réalisateur iranien Jafar Panahi (à qui la justice de son pays a interdit de tourner des films depuis 2010, ce qui ne l’a pas empêché d’en faire trois !), Panah Panahi ose, à son tour, une expérience cinématographique dans un genre certes déjà souvent emprunté par de nombreux réalisateurs, le road-movie, mais auquel il parvient à donner un ton particulier.

D’emblée, le spectateur est intrigué par les quatre voyageurs qui circulent à bord d’un même véhicule, d’abord sur une route, puis sur des chemins de campagne iranienne. Il y a là un père à la jambe plâtrée, une mère et leurs deux garçons : l’aîné qui fait le chauffeur et le cadet, un petit garçon la plupart du temps très agité. Ce n’est que petit à petit que l’on perçoit le but du voyage : ils roulent vers la frontière où l’aîné des deux garçons va devoir quitter clandestinement son pays.

La souffrance de cette séparation est sous-jacente à tout le film, tout en restant peu formulée explicitement, car il ne faut pas affoler le cadet des garçons, déjà bien assez turbulent. Un vrai moulin à paroles que celui-là, alors que l’aîné s’enferme dans un mutisme presque total. Les échanges entre les quatre membres de la famille frappent par leur apparente rugosité, mais on comprend bien qu’il ne s’agit que d’apparence, qu’on se parle rudement pour éviter d’éclater en sanglots.

Panah Panahi sait d’ailleurs inventer de superbes scènes empreintes de poésie pour suggérer la profondeur des relations, en particulier entre le père, à l’aspect bourru, et ses fils. Quand, sur un fond de ciel étoilé, le père et le cadet semblent s’aventurer dans les profondeurs de la galaxie, c’est un instant de pure beauté. Dommage, cependant, que certains dialogues soient trop explicatifs ou d’un intérêt minuscule. Les moments de beauté alternent avec des scènes plus ordinaires, mais, au final, on retient surtout l’alliance innovante d’espièglerie et de poésie qui imprègne le film. 

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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