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MURINA

Un film de Antoneta Alamat Kusijanović.

 

 

Caméra d’Or au festival de Cannes de l’an dernier, ce premier film, auréolé par ce prix mérité, vient d’arriver sur nos écrans. Son action se situe sur une île de Croatie baignée par le soleil et bordée par de superbes côtes. Julija (Gracija Filipovic), superbe jeune fille de 17 ans, s’y adonne sans compter à ce qui la passionne plus que tout : la plongée sous-marine. Son père, qui, volontiers, l’accompagne, prétend qu’elle excelle aussi à la pêche sous-marine. En vérité, c’est lui qui aime ça, c’est lui qui se plaît à envoyer son harpon sur les murènes, redoutables poissons carnassiers qu’il ramène, tout fier, à bord de son bateau. Julija, quant à elle, préfère évoluer dans les eaux comme une naïade.

Cette ambivalence entre père et fille, c’est le prélude à ce qui va suivre, c’est le signe annonciateur d’une situation qui se révèle, au cours du film, de plus en plus conflictuelle. Ante (Leon Lucev) ne supporte pas les désirs d’émancipation de sa fille, tandis que Nela (Danica Curcic), la mère, tout aussi ravissante que Julija, demeure hésitante, n’osant pas vraiment prendre parti, ni en faveur des aspirations de sa fille ni en celle de l’autorité patriarcale, qu’elle-même subit autant que sa progéniture.

Les choses se compliquent encore avec l’arrivée sur l’île de Javier, vieil ami d’Ante, homme fortuné qui projette de faire construire, en ce lieu, un hôtel de luxe. Sa présence, son jeu plus ou moins trouble, que ce soit auprès de Nela tout comme auprès de Julija, exacerbe les tensions qui restaient, jusqu’alors, quelque peu latentes. Chacun des quatre personnages principaux se trouve alors déstabilisé, à commencer par Julija à qui il semble que son île paradisiaque se change en prison sans barreaux. Et si la naïade elle-même se métamorphosait, pour un temps, en murène ?

Si le sujet de ce film n’est pas d’une grande originalité, il faut reconnaître que la réalisatrice a su tirer le meilleur parti des somptueux décors insulaires dans lesquels évoluent ses personnages, tout comme des scènes sous-marines qui mettent bien en évidence la tension entre grâce et danger. La cinéaste a su aussi diriger à merveille la jeune actrice Gracija Filipovic : dans son rôle de jeune fille sensuelle et désireuse de se libérer du carcan patriarcal, elle est parfaite.  

7/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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