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LES GOÛTS ET LES COULEURS

Un film de Michel Leclerc.

 

Sur les quelques six films qu’avait jusqu’à présent réalisés Michel Leclerc, deux m’avaient particulièrement séduit : Le Nom des Gens en 2010 et La Lutte des Classes en 2019. À ces deux titres, j’ajouterai dorénavant volontiers Les Goûts et les Couleurs, comédie savoureuse sur la rencontre et la communion entre deux artistes de la chanson, ainsi que sur les difficultés de transmission d’un héritage culturel.

Ce film, en effet, trouve parfaitement sa place dans la filmographie, toujours humaniste au meilleur sens du terme, du réalisateur. On y fait donc la connaissance de deux chanteuses, l’une en bout de course, Daredjane (jouée de manière époustouflante par Judith Chemla) et l’autre, au contraire, à ses débuts, Marcia (jouée par Rebecca Marder, révélation du film). Alors que la première, après avoir connu de francs succès, avait cessé, depuis longue date, toute activité de création, voilà que la deuxième, tout à son admiration pour elle, est parvenue à la convaincre de sortir un nouvel album. Le film offre donc de belles plages de complicité musicale, certes parfois un peu houleuse, étant donné le caractère assez emporté de Daredjane.

Or, retournement de situation inattendu, la vieille dame de la chanson disparaît avant d’avoir totalement achevé la mise au point du nouvel album. Pis que tout, son héritier est un petit-neveu prénommé Anthony (Félix Moati), placier à Bures-sur-Yvette, totalement étranger, sinon imperméable, au type de chansons qui avait fait la gloire de sa parente (qui n’avait d’ailleurs pas été tendre avec sa propre famille dans certains de ses titres). Or, au grand dam de Marcia, c’est à ce personnage que reviennent les décisions à prendre concernant l’héritage culturel de la grand-tante. Seul semble l’intéresser, dans un premier temps en tout cas, l’aspect financier, autrement dit ce que peuvent rapporter les droits des chansons. Je dis bien « dans un premier temps », car le réalisateur se garde de faire de son personnage quelqu’un de totalement inculte. En fin de compte, c’est sur un autre terrain que purement financier que se joue la différence entre Marcia et Anthony : celui des « goûts et des couleurs » !

Pour ce qui concerne la réalisation, le film est truffé de plein de bonnes surprises, à commencer par la réelle qualité de certaines des chansons qu’il fait entendre. Mais le pompon revient aux deux actrices principales : Judith Chemla, pour qui le réalisateur invente de multiples détours du côté de pseudo archives musicales, et Rebecca Marder, déjà appréciée dans Une jeune fille qui va bien, mais qui trouve ici un rôle dans lequel elle excelle encore davantage. En jeune chanteuse talentueuse qui se heurte aux âpres réalités  du show business, elle est parfaite !  

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

 

Tag(s) : #Films, #Comédie
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