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COSTA BRAVA, LEBANON

Un film de Mounia Akl.

 

 

Réputé pour ses sites remarquables, le Liban n’échappe pas, bien évidemment, aux problèmes environnementaux qui défigurent l’ensemble de notre planète. Ainsi en est-il d’un joli coin de nature, une Costa Brava à la libanaise, dans lequel s’est établie une famille en espérant y couler des jours agréables. Or, pour son malheur, voilà que ce petit refuge paradisiaque est menacé par un projet de décharge d’ordures sur le terrain jouxtant sa propriété.

Inaugurée en grande pompe par le président du Liban (une statue de son auguste personne est même érigée à cette occasion), la décharge prétendument respectueuse des normes écologiques fait aussitôt l’objet de travaux, avant que les premières ordures n’y soient déversées. L’action du film se situe, précisons-le, comme nous en avertit un texte projeté en exergue sur l’écran, dans un futur proche. Un futur, on l’a compris, à l’image du Liban d’aujourd’hui, avec ses corruptions et ses crises à n’en pas finir.

Le havre de paix des époux Badri, Walid et Souraya, de leurs deux filles, Tala (17 ans) et Rim (9 ans) et de la mère de Walid va-t-il se transformer en lieu cauchemardesque ? La belle harmonie de cette famille y résistera-t-elle ? Tels sont les enjeux d’un film réalisé avec de belles idées de mise en scène. C’est, tout particulièrement, le cas chaque fois que la cinéaste choisit de privilégier le regard de la benjamine de la famille, la petite Rim. Avec ses questions d’enfant, sa curiosité, ses peurs, elle essaie de comprendre ce qui se passe, s’interroge sur le passé de ses parents et sur leur devenir.

Le passé, on en découvre ainsi quelques bribes, pas davantage que ce que Rim elle-même en apprend. On saura ainsi que les parents participèrent, jadis, à des manifestations et que c’est à l’occasion d’une d’elles qu’ils se sont rencontrés. On saura également que Souraya exerçait, jusqu’à sa rencontre avec Walid, le métier de chanteuse. Tous deux étaient donc des personnes engagées. Ce qui signifie que leur vie a radicalement changé et qu’à l’agitation d’autrefois ils préfèrent désormais la tranquillité.

Or, la survenue de la décharge remet tout en question. L’équilibre de la famille n’était peut-être que très précaire et la vie, en tout cas pour l’un ou l’autre de ses membres, étouffante. L’accumulation des ordures, à côté de chez eux, et la pollution qu’elle engendre exacerbent les tensions. Que faire ? Partir ou rester en se protégeant au mieux des miasmes putrides ? Ou peut-être rêver encore un peu en fabriquant du beau avec du laid ? Ainsi lorsque s’élèvent vers le ciel des sacs en plastique qui se transforment en lanternes magiques.  

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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