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AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT

Un film de Claire Denis.

 

 

Adapté d’un roman de Christine Angot (Le Tournant de la Vie), le nouveau film de Claire Denis explore, pour la énième fois au cinéma, une histoire de triangle amoureux, malheureusement sans parvenir aucunement à en renouveler l’approche. Certes, les prestations de Juliette Binoche dans le rôle de Sara et de Vincent Lindon dans celui de Jean ne tombent jamais dans la banalité, mais ce n’est pas le cas ni des choix de mise en scène de Claire Denis ni d’un scénario dont on a du mal à percevoir la crédibilité.

Dans ce film, il ne faut jamais beaucoup se fier ni aux images ni aux paroles. Les premières scènes, qui s’attardent sur le couple formé par Sara et Jean s’ébattant dans l’océan, s’étreignant, marchant sur le fond marin en se donnant la main, donnent l’illusion d’un amour fusionnel. Mais aussitôt, la cinéaste nous ramène brutalement à une autre réalité : la scène suivante est filmée dans la noirceur d’un tunnel du métro parisien. Place à la grisaille et au boulot quotidien. Sara retrouve le sien en tant que journaliste à RFI. Quant à Jean, dont on apprend rapidement qu’il vient de passer par la case « prison » pour on ne sait trop quelles malversations dans le milieu du rugby, il ne trouve rien de mieux que d’accepter de travailler à nouveau avec son ancien collègue François (Grégoire Colin) qui se trouve être également l’ex de Sara.

Cette décision, on se demande aussitôt quelle crédibilité elle peut avoir, car enfin, si Jean travaille à nouveau avec François, il est fatal que ce dernier en vienne à rencontrer Sara. Et, bien évidemment, ce qui devait arriver ne tarde pas à se produire : le charme de François ne laisse pas indifférent Sara ! Ajoutons à tout cela les difficultés relationnelles de Jean avec Marcus, son fils d’une quinzaine d’années, qu’il a eu avec une compagne précédente et qu’il a dû laisser à la garde de Nelly, la grand-mère du garçon, du fait de son séjour en prison. Cet aspect du film reste d’ailleurs comme en marge. Ce qui intéresse la réalisatrice, manifestement, ce sont les atermoiements de Sara, prise entre deux amours (dont on se demande s’il en est un seul de vraiment sincère).

Au-delà du manque de plausibilité du scénario, dont j’ai déjà parlé, la question qui vient à l’esprit, c’est celle du bien-fondé de raconter cette histoire. Est-il utile de redire une fois encore la sempiternelle rengaine dont Aragon fit un de ses poèmes (chanté par Brassens) : « Il n’y a pas d’amour heureux ». On pourra toujours prétendre que, pour une fois, c’est le personnage féminin qui est privilégié. Cela renouvelle-t-il pour autant l’approche de ce qui ressemble à un désolant lieu commun ? Je n’en ai pas eu l’impression.  

5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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