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LES CINQ DIABLES

Un film de Léa Mysius.

 

Avec Ava, en 2017, son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Léa Mysius avait joliment réussi à brosser le portrait d’une adolescente (superbement jouée par Noée Abita) qui, menacée de perdre bientôt la vue, profitait à fond de ce qui lui restait de temps à pouvoir encore disposer de ce sens. Dans Les Cinq Diables, c’est un autre de nos cinq sens, l’odorat, qui tient une place importante dans l’intrigue. Mais, contrairement au film précédent, aucun des personnages ne risque de perdre cet attribut. Au contraire, puisqu’il est question d’une fillette, prénommée Vicky (Sally Dramé), qui dispose, pourrait-on dire, d’un superodorat, beaucoup plus développé qu’il ne l’est, habituellement, chez les humains.

Le problème, écrivons-le tout de suite, c’est que si, dans Ava, la perte progressive de la vue d’un personnage se traduisait par d’excellents développements scénaristiques, il n’en est pas du tout de même dans ce nouveau film, à propos, cette fois, de l’odorat. L’idée de mettre en scène une petite fille dotée du pouvoir de sentir comme le font certains animaux paraît, sans nul doute, intéressante, sur le papier, mais encore aurait-il fallu la mettre en valeur en lui accordant une résonnance suffisamment forte au cœur de l’intrigue. Malheureusement, il n’en est rien. On a plutôt le sentiment que la réalisatrice n’a pas su que faire de sa belle idée de base.

Montrer la fillette collectionnant les odeurs en les enfermant dans des bocaux, c’est singulier, mais cela n’a pas vraiment de conséquences en termes d’intrigue. Le film bifurque bientôt sur une voie étrange et très insatisfaisante, la fillette pouvant, quand elle respire les odeurs qu’elle collectionne, s’évanouir pour s’éveiller dans le passé et, ainsi, être témoin des histoires troubles de ses proches : sa mère (Adèle Exarchopoulos), son père (Moustapha Mbengue) et la sœur de ce dernier (Swala Emati). Elle découvre donc, de cette façon, ce qui s’est produit avant sa venue au monde. Le plus curieux, c’est qu’elle peut même interagir avec ces personnages lors de ces flashbacks. Cela donne des scènes tirées par les cheveux, d’autant plus qu’on a bien des difficultés à comprendre les motivations des personnages, en particulier de la tante de la petite fille qui, à l’occasion d’une fête, « pète les plombs », comme on dit, sans qu’on en perçoive la raison. Restent, néanmoins, dans ce film plutôt décevant, quelques moments réellement touchants. Ainsi quand la petite fille demande à sa maman : « Est-ce que tu m’aimais déjà, avant que je naisse ? » 

5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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