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VESPER CHRONICLES

Un film de Kristina Buozyte et Bruno Samper.

 

 

Des romans et des films se rattachant à ce qu’on appelle la dystopie, c’est-à-dire à la description d’un monde futuriste post-apocalyptique semé d’embûches, il n’en manque pas et il en paraît régulièrement. C’est un genre à la mode dont, à force d’en lire ou d’en voir sur les écrans, il est facile de repérer les codes. Vesper Chronicles, production belgo-franco-lituanienne, ne déroge pas aux règles dudit genre tout en parvenant à ne pas être simplement routinier. D’ailleurs, les amateurs de films à grand spectacle enchaînant les scènes d’action se déroulant dans des décors grandioses risquent d’être déçus. Est-ce à cause d’un budget modeste ? Je ne sais pas. Mais si, dans Vesper Chronicles, les scènes à prestige occupent une place limitée, c’est pour mieux composer un univers particulier et surtout cerner au mieux les personnages, ce dont on ne se plaindra pas.

Pour ce qui concerne l’intrigue proprement dite, on ne parlera pas de grande originalité. Au contraire, comme dans toutes les dystopies, nous avons affaire à un monde uniformément angoissant, recelant toutes sortes de pièges mortels. Et puis, comme toujours dans ce genre-là, il est question d’une humanité dont le nombre s’est considérablement réduit du fait de catastrophes environnementales et qui s’est scindée en deux blocs (ce qui ne nous change guère, si l’on y songe, du monde qui est le nôtre) : d’un côté, les puissants qui, dans Vesper Chronicles, détiennent le pouvoir grâce à leur maîtrise des graines pouvant fournir des aliments à la population et qui se sont abrités dans des citadelles à la réputation inexpugnable ; de l’autre, les pauvres, qui vivent au milieux de marais pestilentiels et sont contraints de se débrouiller comme ils peuvent avec le peu que leur allouent les puissants, ce qui engendre, chez les miséreux eux-mêmes, des situations conflictuelles.  

C’est dans ce cadre générateur de multiples angoisses, au cœur de sombres marais entourés de superstructures qui semblent abandonnées, sans compter la survenue toujours possible de curieux engins volants sans doute chargés de les surveiller, que vivent ou survivent des humains, dont celle qui donne son titre au film, Vesper (Raffiella Chapman), jeune fille débrouillarde dont le père est atteint par un mal cruel qui le maintient alité et l’empêche de s’exprimer autrement que par le biais d’un curieux drone auquel il est constamment relié mentalement. Dans le voisinage, se trouve un sombre individu prénommé Jonas, l’oncle de la jeune fille (Eddie Marsan), entouré de sa progéniture et d’autres humains miséreux dont il a fait ses esclaves. Et puis, survient bientôt une créature échappée d’une des citadelles où vivent les puissants, créature d’apparence humaine mais dont on ne tarde pas à apprendre qu’elle ne l’est pas à proprement parler : cet être étrange se nomme Camellia et est jouée par Rosy McEwen.

L’enjeu, pour ces personnages, c’est de pouvoir se passer de l’emprise des puissants en acquérant eux-mêmes la maîtrise génétique de la reproduction de végétaux pouvant les nourrir. Pour ce faire, les créateurs du film font progresser le récit dans un climat de tension de plus en plus grande. Le danger vient de partout : de l’environnement, certaines plantes mutantes pouvant propulser sur les intrus des insectes ravageurs, du ciel avec les engins volants que j’ai déjà évoqués, de la terre avec l’envoi de troupes militarisées par les puissants retranchés dans leurs citadelles. Mais la force d’âme des personnages principaux, en particulier de Vesper, permet non seulement de vaincre bien des épreuves mais aussi, malgré la noirceur de l’œuvre, de trouver, in extremis, une raison d’espérer des temps meilleurs. Au final, même si l’on peut estimer que, par moments, le film s’enlise, on peut saluer, nonobstant les clichés incontournables du genre « dystopie », la réelle volonté des auteurs de proposer autre chose qu’un film à grand spectacle à la manière des productions hollywoodiennes.  

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Science-fiction, #Dystopie
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