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UN PETIT FRÈRE

Un film de Léonor Serraille.

 

 

Ce que raconte ce film, c’est le parcours, sur plusieurs décennies, d’une femme partie de Côte d’Ivoire à la fin des années 80 avec ses deux garçons, Jean, 10 ans, et Ernest, 5 ans, pour poursuivre sa vie en France. Débarquée à Paris, elle est, dans un premier temps, hébergée par des membres de sa famille. De ce qu’elle a vécu dans son pays d’origine, on ne saura pas grand-chose, sinon que les deux garçons n’ont pas le même père et qu’elle a d’autres enfants qui sont restés au pays. Rose, c’est son prénom, est pourtant encore jeune et si, pour pouvoir donner à Jean et Ernest un avenir meilleur que celui qu’ils auraient probablement eu en Côte d’Ivoire, elle n’hésite pas à accepter les travaux les plus ingrats, elle n’en est pas moins désireuse de vivre, de s’amuser, d’aimer encore. Des rencontres, elle en fait, d’autant plus que sa beauté ne passe pas inaperçue. Un certain Jules César ( !), un compatriote, lui tourne autour, mais elle lui préfère un ouvrier maghrébin, puis un Français marié, avant de retrouver à nouveau le premier, c’est-à-dire Jules. Sa liaison avec le Français lui vaudra de séjourner, pendant un temps, en Normandie.

Cela étant dit, le film ne se concentre pas uniquement sur la vie chaotique de Rose, mais, tour à tour, sur les parcours de chacun de ses deux garçons. Ainsi se scinde-t-il en trois parties, la première mettant Rose au premier plan, la deuxième Jean et la troisième Ernest. Et cela, comme je l’ai déjà indiqué, sur plusieurs décennies, ce qui fait que si le rôle de Rose est joué tout du long par la talentueuse Annabelle Lengronne, par contre les rôles de Jean et Ernest sont joués par plusieurs acteurs (tous excellents) qui se succèdent, entre l’enfance et l’âge adulte en passant par l’adolescence. Tout ce dispositif est parfaitement maîtrisé par la réalisatrice, mais l’oblige à multiplier les ellipses, le film se composant de successions de scènes de vie qu’on a parfois un peu de mal à relier les unes aux autres. On peut reprocher aussi au scénario quelques baisses d’inspiration : la scène d’un contrôle de police, par exemple, qui semble se glisser dans le film à la manière d’un incontournable exercice auquel on ne peut échapper quand il est question d'immigrés.

Néanmoins, malgré ses quelques défauts, le film, grâce à l’engagement des acteurs, n’a pas de peine à convaincre. Les itinéraires de Jean et Ernest ne peuvent laisser indifférent. Le premier, du fait de son caractère impétueux, s’égare bientôt sur des chemins de dévoiement, alors que le second, plus réfléchi, plus travailleur, parvient si bien à s’intégrer qu’il devient professeur de philosophie. D’un côté un échec, de l’autre une réussite. Au milieu, une mère aimante certes, mais instable. La mise en scène, elle, se modèle plutôt bien, alternativement, sur chacune de ces trois personnalités.   

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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