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SUZUME

Un film de Makoto Shinkai.

 

 

En 2020, lors de la sortie des Enfants du Temps, l’un des films précédemment réalisés par Makoto Shinkai, je m’étais fendu d’une critique très sévère pour celui-ci. Mais il faudrait peut-être que je réévalue ce film, car celui qui paraît aujourd’hui, auréolé du grand succès qu’il remporte au Japon, est un petit bijou. Fidèle à ses hantises et à ses thèmes de prédilection, le réalisateur y fait montre d’un savoir-faire de haut niveau. Comme dans ses films précédents, Makoto Shinkai convoque comme toile de fond de sa narration les catastrophes naturelles qui frappent régulièrement le Japon, en particulier les séismes et, parmi ceux-ci, tout spécialement celui de 2011. Mais le cinéaste prend également en compte d’autres réalités du Japon d’aujourd’hui, par exemple le déclin démographique, d’où les nombreuses scènes du film se déroulant dans un environnement de ruines ou de zones abandonnées, désaffectées.

Ces éléments, le cinéaste les intègre habilement dans un scénario complexe et tout imprégné de mythologie shintoïste. N’ayons crainte cependant, il n’est nullement nécessaire d’être connaisseur dans ce domaine pour comprendre et apprécier le film. L’héroïne éponyme en est Suzume, une adolescente de 17 ans ayant perdu très tôt sa mère et, de ce fait, ayant été élevée par une tante. Or, cette jeune fille, croisant un jour un garçon, tombe sous son charme. Rien que de banal si celui-ci ne la conduisait pas alors vers des aventures hors du commun. Sôta, c’est le nom de ce mystérieux jeune homme, s’avère, en effet, être un « verrouilleur », c’est-à-dire qu’il voyage à travers le Japon pour fermer des portes qui, ouvrant sur une autre dimension, laissent échapper une énergie terrifiante qui provoque les séismes. Dès lors, Suzume ne se contente pas de l’accompagner mais est amenée à participer, de manière agissante, à ce combat contre des forces maléfiques.

Mené tambour battant, le film abonde non seulement en péripéties mais en surprises de toutes sortes, comme la métamorphose étonnante de Sôta, victime d’un maléfice, ou comme la survenue d’un chat qui met des bâtons dans les roues aux deux héros. Tantôt effrayant, tantôt cocasse, tantôt drôle, tantôt tendre, le film rend particulièrement attachante la jeune Suzume dans sa quête éperdue d’identité, car elle reste obsédée par la figure de sa mère décédée, et de sauvetage à la fois du Japon, toujours sous la menace de périls, et de Sôta, qu’elle va même rechercher dans les enfers, comme si, pour reprendre un célèbre mythe grec, c’était Eurydice qui allait rechercher Orphée et non l’inverse.

Tout cela est réalisé au moyen d’une technique d’animation admirable et de dessins d’une grande beauté qui fascinent. Du grand art. 

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Films d'animation
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