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LE COURS DE LA VIE

Un film de Frédéric Sojcher.

 

Proposer à Agnès Jaoui de jouer le rôle d’une scénariste donnant une master class à des étudiants en cinéma, c’est, d’une certaine façon, ne pas lui proposer de rôle du tout. Comment ne pas songer aux nombreux films qu’elle a coécrits avec le regretté Jean-Pierre Bacri ? Et il est fort probable que, dans la vie réelle, il lui a été donné, plus d’une fois, l’occasion de se livrer à ce genre d’exercice. Or, dans le film de Frédéric Sojcher, Noémie, le personnage qu’elle incarne, donne un véritable cours à des étudiants de l’ENSAV (École nationale supérieure de l’audiovisuel) de Toulouse.

On n’en sera pas surpris, les « leçons » successives que Frédéric Sojcher filme sans recherche d’effets particuliers sont toutes plus intéressantes les unes que les autres. Les conseils proférés par Noémie-Agnès Jaoui ne manquent pas de pertinence, même s’ils sont parfois contestés par certains des élèves de la classe. Il y a un véritable dialogue, des échanges souvent toniques, entre élèves et « professeur ». Noémie invite à l’observation des autres tout comme de soi-même pour mieux composer des personnages de fiction. Elle propose une impressionnante liste de questions pour cerner leurs facettes, avant de recommander, une fois qu’on a donné les réponses, de les oublier pour mieux exercer sa liberté de création.

Mais alors, se demandera-t-on, ce film n’est-il composé que d’une suite de « leçons » de la « professeure » Agnès Jaoui ? Sans douter une seconde du talent de cette dernière, cela ne risque-t-il pas d’être peu ou prou rébarbatif ? Eh bien, en vérité, non, car le réalisateur a eu la bonne idée d’une part de donner chair aux étudiants et d’autre part d’intégrer un élément romanesque de bon aloi dans le film. Plus il avance, en effet, et plus on se familiarise avec les étudiants, ou avec certains d’entre eux en tout cas, avec leurs désirs, leurs identités, leurs recherches, leurs sympathies, leurs conflits. Et puis, comme on le perçoit, de manière sous-jacente, dès les premières scènes, Noémie et Vincent (Jonathan ZaccaÏ), le directeur de l’école, ont un passé commun. Ils se sont connus et se sont séparés depuis belle lurette. Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? En laissant intactes quelles blessures ? C’est ce que le film explicite avec finesse, en faisant la part belle à la musique de Vladimir Cosma. La vie n’est-elle pas une source inépuisable de bonnes idées de scénarios ?  

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films
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