Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

JEANNE DU BARRY

Un film de Maïwenn.

 

Comparé aux films précédemment réalisés par Maïwenn, celui-ci paraît étonnamment sage,  classique dans sa forme, presque académique, ce qui, malgré tout, lui confère un avantage certain sur des films comme l’hystérique Mon Roi (2015) ou le nombriliste ADN (2020). Film en costume oblige, Maïwenn se plie à la forme convenue du biopic historique, mais tout en prenant bien soin tout de même de se mettre elle-même en scène, ou plutôt, ne craignons pas de dire ce qui saute aux yeux à la vue du film, pour se placer au centre de l’œuvre, pour être omniprésente, pour être le pivot autour duquel tout doit graviter. Ah ! Comme Maïwenn prend plaisir à s’exhiber elle-même ! C’était déjà flagrant dans ADN, et c’est encore le cas dans ce nouveau film, puisque Jeanne du Barry, c’est elle !

Une voix off nous ayant soigneusement et scolairement expliqué d’où vient la du Barry, une fille du peuple ayant réussi, grâce à ses lectures certes, mais surtout en usant abondamment de ses charmes, à gravir tous les échelons qui mènent à Versailles et, même, pour être plus précis, au lit du roi Louis XV, il ne reste plus à ladite du Barry-Maïwenn qu’à se montrer dans tous ses états dans ce microcosme versaillais dont elle se plaît rapidement à bousculer les codes. Si l’on avait affaire à une autre actrice, plus talentueuse que Maïwenn, cela pourrait donner un film de très bonne facture. Hélas ! La réalisatrice-actrice aime tant se faire valoir, alors que son jeu se distingue surtout par ses limites, que cela devient vite agaçant ! Face à elle, même Johnny Depp en Louis XV, avec ses dialogues réduits au maximum, paraît singulièrement terne.

Celui qui parvient à tirer son épingle du jeu, par contre, c’est l’excellent Benjamin Lavernhe dans le rôle de Laborde, le premier valet de chambre du roi, qui se charge aussi d’essayer d’inculquer les bonnes manières (celles de la Cour) à la nouvelle venue et, bientôt, favorite du souverain. Il est le trait d’union indispensable entre deux mondes, le confident et du roi en personne et de la du Barry. Son personnage est sans doute le plus intéressant du film. Tous les autres intervenants, du coup, semblent beaucoup plus convenus, à commencer par les filles du roi, épigones des sœurs de Cendrillon, ne sachant quoi inventer pour chasser l’intruse hors de la Cour versaillaise. Parmi elles, c’est India Hair qui se distingue par ses affèteries.

Malgré son classicisme presque rigide, mais grâce à un grand déploiement de décors et de costumes d’une part, grâce au plaisir qu’il procure en soulignant les ridicules de la Cour du Roi d’autre part (le cadeau fait par le roi à sa favorite d’un négrillon qui deviendra l’un de ses fidèles serviteurs vaut son pesant de louis d’or !), le film, nonobstant tous ses défauts, se regarde, du début à la fin, sans le moindre ennui. Il faut bien se contenter de cela ! 

6,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Histoire
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :