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MARINETTE

Un film de Virginie Verrier.

 

Il n’est nullement nécessaire ni d’être un passionné ni même d’être un simple amateur du ballon rond pour apprécier ce film qui retrace le destin exceptionnel d’une femme décidée à se battre pour pouvoir se consacrer à ce qu’elle aime par-dessus tout, le football. Avant de devenir une grande championne dans son domaine (elle détenait, en 2020, le record du monde de buts marqués en Equipe de France, hommes et femmes confondus), Marinette Pichon dut batailler ferme pour faire valoir ses talents non seulement parce que ce sport restait (et reste encore) un milieu très masculin mais aussi parce qu’au sein même de l’Equipe de France féminine elle eut affaire à des joueuses jalouses de son succès et qui ne la virent pas arriver d’un bon œil parmi elles.

Tout commença, au début des années 80, dans un club de la Marne, le Saint-Memmie Olympique, où, petite fille irrésistiblement attirée par le foot, elle fut intégrée à l’équipe des garçons. Elle eut la chance d’être soutenue par une mère compréhensive, admirablement interprétée par Emilie Dequenne, tout comme d’avoir affaire à un entraîneur (Fred Testot) qui l’encouragea dès lors et la soutint tout au long de sa carrière. Malheureusement, à la maison, c’était un autre son de cloche, car le père, lui, était un alcoolique invétéré et violent qu’il fallut supporter pendant des années avant qu’il ne fût incarcéré pour avoir tenté de violer sa belle-mère.

Pour retracer le parcours étonnant de Marinette Pichon, qui connut pendant un temps la gloire lorsqu’elle fut recrutée à Philadelphie, mais avant d’éprouver des déboires, la réalisatrice, par la force des choses, multiplie les ellipses, ce qui n’altère en rien la qualité du film tant elle réussit à merveille à mettre en évidence le caractère frondeur d’une femme contrainte de traverser bien des épreuves et de combattre bien des préjugés pour donner la pleine mesure de son talent. En chemin vers la consécration, elle ne manqua pas une occasion de critiquer, comme il se doit, l’inégalité de traitement entre hommes et femmes dans le sport et de réclamer, pour les footballeuses de l’Equipe de France, un statut de professionnelles (statut qui ne leur a pas encore été accordé à ce jour). Sur le terrain, elle fut une joueuse d’exception : ses actions de jeu, la réalisatrice les suggère habilement en usant de plans serrés.

Pour la pleine réussite du film, il fallait une actrice convaincante et c’est le cas : Garance Marillier endosse ce rôle avec une conviction qui fait mouche. Elle est aussi crédible en tenue de joueuse de football que lors des scènes qui la montrent en compagnie de ses conquêtes amoureuses. Sur ce sujet-là aussi, Marinette ne fut pas du genre à s’écraser. Quand, à l’occasion d’une conférence de presse, un journaliste lui demanda si elle était homosexuelle, elle ne craignit pas de répondre crânement par l’affirmative avant de demander au questionneur trop curieux : « Mais quel est le rapport avec le football ? ».  

8/10

 

                                                                       Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Biopic
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