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NOTRE CORPS

Un film de Claire Simon.

 

Par « notre corps », il faut entendre celui des femmes. La cinéaste Claire Simon a été autorisée à filmer en immersion dans un des services de l’hôpital Tenon à Paris, précisément celui qui est dédié aux femmes. Si certains des médecins que nous voyons à l’écran sont des hommes, c’est bel et bien aux femmes, à leur corps, à leurs questionnements, à leurs pathologies (puisqu’il en est qui leur sont spécifiques), aux soins qui leur sont donnés, que s’intéresse Claire Simon. Dans un service comme celui-là, où les corps sont souvent mis à nu, elle le fait sans rien cacher du sort réservé aux patientes, mais en prenant bien soin d’éviter tout voyeurisme.

La naissance, la vie et la mort, le début et la fin et, au milieu, « la valse folle des destinées ». Au début du film, Claire Simon traverse le cimetière du Père-Lachaise, proche de l’hôpital Tenon ; à la fin, elle filme le tête-à-tête entre une femme médecin et une patiente à qui il faut expliquer qu’elle est entrée en phase terminale de son cancer et que ce sera bientôt le terme de sa vie. Or, la femme médecin s’y prend de manière exemplaire, avec patience, douceur, jusqu’à poser sa main sur celle de la malade en un geste de tendresse qui fait du bien.

Car, et c’est un des aspects les plus intéressants du film, en règle générale, les soignants ne se contentent pas d’exécuter avec précision des gestes médicaux, parfois des interventions chirurgicales. Ils prennent le temps de parler aux patientes, de leur expliquer la maladie dont elles sont atteintes, souvent au moyen de croquis dessinés sur une feuille blanche, de répondre aux questions posées, d’ouvrir, si c’est possible, plusieurs pistes de soin, etc.

Bien sûr, Claire Simon ne donne à voir que des bribes de destinées humaines, ces instants où une femme, parfois une toute jeune fille, est reçue par un soignant ou une soignante. Entre les deux scènes du début et de la fin du film qui évoquent la mort, c’est de vie ou de désir de vie dont il est surtout question. Certes, nous voyons à l’écran une toute jeune fille de 15 ans venue demander une IVG, et cette scène est d’ailleurs extrêmement touchante, mais il est aussi et surtout question de couples ne parvenant pas à avoir d’enfant ou alors, au contraire, de grossesses et d’accouchements. Claire Simon en filme deux, l’un par la voie naturelle, l’autre par césarienne.

Des maladies qui touchent spécifiquement les femmes, il en est également question. Ainsi de l’endométriose ou du cancer du sein. À ce sujet, le film réserve une scène étonnante puisque de filmeuse, voici que Claire Simon est, à son tour, celle qui est filmée, celle à qui un médecin donne un diagnostic et propose un protocole de soins. La voici elle-même patiente avec tout ce que cela veut dire. Mais, dans son cas comme dans celui des autres femmes apparaissant au cours du documentaire, l’on est subjugué par l’écoute des personnes soignantes, médecins ou autres, et par leur volonté de prendre le temps de tout expliquer au mieux à celles qui sont malades. Nonobstant, à l’extérieur de l’hôpital, une scène de manifestation de femmes ayant subi un ou plusieurs abus de la part d’un gynécologue, ce documentaire touche en mettant en évidence l’écoute, l’attention et la bienveillance de la plupart des médecins, en sus de leur professionnalisme, et, bien sûr, en s’attachant à rester toujours au plus près des femmes.  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

 

 

Tag(s) : #Films, #Documentaires
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