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BENNI

Un film de Nora Fingscheidt.

 

On aimerait en savoir davantage sur Helena Zengel, la jeune interprète du personnage de Benni, tant elle est sidérante du début jusqu’à la fin du film. S’il s’agit d’un rôle de composition, la performance de la jeune actrice laisse complètement pantois. Car voilà une fillette de neuf-dix ans dont l’hyperactivité et l’hypersensibilité se manifestent avec d’inouïs et récurrents débordements de violence dont on n’imagine pas qu’une enfant de cet âge puisse être capable. Néanmoins, quand Benni fait une crise, et elle en fait souvent, elle est capable de tout, au point de se mettre elle-même en danger tout comme de mettre en danger les autres. C’est à se demander si son comportement ne relève pas de la psychiatrie et on en vient même, au cours du film, à envisager de recourir à la camisole (non seulement physique puisque, de fait, il faut parfois sangler les poignets et les chevilles de Benni, mais également chimique).

La réalisatrice du film a parfaitement pris en compte l’énergie indomptable de l’enfant. Sa mise en scène se modèle sur cette donnée incontournable. De ce point de vue, le film est une indéniable réussite. Il fait intervenir d’assez nombreux personnages, en particulier la mère de Benni (qui appelle cette dernière « princesse » tout en étant manifestement incapable d’être pour elle une véritable maman) ainsi que des éducatrices et éducateurs. Ceux-ci sont désarmés, car toutes les tentatives de placer l’enfant en foyer d’accueil se sont soldées par des échecs. Toutes les issues admissibles pour une enfant de neuf-dix ans sont envisagées, y compris de faire séjourner Benni dans un pays d’Afrique.  Auparavant, cependant, il se trouve un jeune éducateur, Micha, qui se propose de séjourner avec l’enfant, pendant un temps, dans une cabane sans eau ni électricité, au fond d’un bois, où il lui arrive habituellement d’amener des adolescents en difficulté. Par ce biais, le film pose des questions pertinentes quant au rôle des éducateurs, y compris quand ils ont affaire à des enfants aussi ingouvernables que Benni. Comment se comporter quand l’enfant recherche chez son éducateur un père de substitution ? Quelle place peut-on accorder aux sentiments dans une relation entre un enfant et son éducateur ? Difficile de trouver la juste manière quand il s’agit de tenter d’éduquer une enfant comme Benni qui, en fin de compte, bien évidemment, exprime par la violence son manque d’amour. Ses cris et ses hurlements ne disent pas autre chose. 

8/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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