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D’UNE CITATION DE VICTOR HUGO

Dans l’ouvrage que Victor Hugo écrivit sur William Shakespeare, auteur pour qui il ne tarit pas d’éloges, dans cet ouvrage, néanmoins, les digressions abondent. D’ailleurs, prenant prétexte de Shakespeare, Hugo s’exprime sur bien d’autres géants de l’histoire des Lettres. Ceux qu’il appelle les Génies, ce sont : Homère, Job, Eschyle, Isaïe, Ezéchiel, Lucrèce, Juvénal, Tacite, Jean, Paul, Dante, Rabelais, Cervantès et Shakespeare.

Aux glorifications de ces géants, s’ajoutent des considérations sur l’Art, sur « le Beau serviteur du Vrai » et autres divagations, si l’on peut parler ainsi. Hugo se permet aussi, au détour d’une phrase ou plus longuement, à sa guise, de remettre à leur place des critiques dont la médiocrité saute aux yeux ou d’interroger des convictions tellement ancrées qu’il ne vient même plus à l’idée de les mettre en question.

C’est ainsi que, traitant des gros mots volontiers employés par Shakespeare, il aborde la question de la Bible. Car, explique-t-il, si l’on juge que, plus d’une fois, Shakespeare se laisse aller à user du langage de la rue, ce que les bonnes gens estiment shocking ou improper, il en est de même dans la Bible, mais on ne s’en avise pas. Les « crudités, écrit-il, font partie de la poésie aussi bien que de la colère, et les prophètes, ces poètes courroucés, ne s’en gênent pas. Ils ont sans cesse les gros mots à la bouche. Mais l’Angleterre, qui lit continuellement la Bible, n’a pas l’air de s’en apercevoir. »

Et c’est alors que Victor Hugo aborde le sujet des frères et des sœurs de Jésus, mentionnés par chacun des évangélistes. Pour Hugo, manifestement, l’explication habituellement proposée, sinon imposée, aujourd’hui, selon laquelle ces frères et sœurs de Jésus sont, en fait, des cousins et cousines, cette explication n’entre pas en ligne de compte. Non, pour lui, on fait comme si ces passages des évangiles n’existaient pas, et voilà tout. On n’en tient pas compte ou on reste dans le déni. « Rien n’égale la puissance de surdité volontaire des fanatismes, écrit-il. Veut-on de cette surdité un autre exemple ? À l’heure qu’il est, l’orthodoxie romaine n’a pas encore consenti aux frères et sœurs de Jésus-Christ, quoique constatés par les quatre évangélistes. » Et de conclure, après avoir cité en latin les passages des évangiles en question : « Le catholicisme n’entend pas ».

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Billet d'humeur, #Citations, #Ecrivain
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