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OUR FRIEND

Un film de Gabriela Cowperthwaite.

 

 

Quand une famille est mise durement à l’épreuve par la maladie (en l’occurrence, le cancer) d’un de ses membres… Ce sujet, qui se prête comme nul autre aux débordements d’émotion, a déjà été traité bien des fois au cinéma, au point qu’il paraît difficile de l’aborder sans donner aux spectateurs une forte impression de déjà-vu. Our Friend, qui vient de sortir sur la plateforme d’Amazon (Prime Video), ne réussit d’ailleurs pas à échapper totalement à cette critique, et cela alors même que son scénario se base sur une histoire vraie, celle de Nicole Teague (interprétée dans le film par Dakota Johnson) qui fut atteinte d’un cancer fulgurant. Le récit de son combat contre la maladie fut écrit et publié par son mari, Matthew (joué par Casey Affleck), dans le magazine Esquire en 2015. C’est ce texte qui a inspiré la réalisatrice Gabriela Cowperthwaite.

Il faut ajouter à cela la présence des deux filles du couple, ce qui, bien évidemment, augmente l’aspect émotionnel du film. Que dire aux deux enfants ? Comment leur parler de la maladie ? Comment les préparer à la mort inéluctable de leur mère ? Ces questions, le film les aborde avec autant de retenue que possible, mais sans les éluder. Néanmoins, la réalisatrice peine quelque peu à proposer une approche renouvelée de ce sujet. Et ce, malgré l’élément, le seul, qui donne un peu d’originalité au film : la présence de celui qui lui donne son titre : l’ami. C’est grâce à lui que l’impression de déjà-vu s’estompe légèrement.

L’ami se prénomme Dane (Jason Segel), il se dévoue sans compter pour venir en aide à Nicole et Matthew, s’occupe de la maison, des enfants,  etc. Il s’est d’ailleurs installé chez Nicole et Matthew pour se rendre disponible à tout instant. Son dévouement est admirable, sans nul doute. Néanmoins, on ne peut pas ne pas s’interroger à son sujet. Quels sont ses motivations ? Son amitié est-elle totalement désintéressée ? L’abondance des allers et retours temporels, qui ne cessent pas d’un bout du film à l’autre, amène à s’interroger, même si, en fin de compte, on n’obtient pas de réponse claire. Peu importe, puisque c’est précisément le mystère entourant Dane qui donne au film un chouia de singularité. Une séquence le montrant marchant dans un endroit désertique où, cependant, il fait la rencontre d’une femme seule, comme lui, qui se soucie de son éventuelle dépression, est significative. Au fond, pour dire les choses clairement, on en vient à se demander si le dévouement de Dane n’est pas pour lui une sorte de thérapie pour tenter de vaincre sa neurasthénie. Et on se demande aussi, par contrecoup, si l’amitié de Dane pour Matthew n’a pas pour fonction de dissimuler, autant que faire se peut, son amour pour Nicole. Oui, pas de doute, ce sont  ces interrogations, omniprésentes, qui réussissent à éveiller le mieux notre attention. 

6,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Drame
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