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OXYGÈNE

Un film de Alexandre Aja.

 

 

Si le huis-clos est un genre à part entière du cinéma, un genre qui a donné lieu à beaucoup de films de qualité, le défi consistant à filmer des personnages contraints à survivre dans un espace très réduit fut, lui aussi, assez rapidement, relevé par des réalisateurs pleins d’audace. Ainsi Alfred Hitchcock qui, dès 1944, avec Lifeboat, proposait un film de suspense dont l’action se limitait à l’espace réduit d’un canot de survie dérivant sur l’océan. Mais d’autres cinéastes, bien plus tard, relevèrent des défis encore plus surprenants. Un film comme Buried (2010), de Rodrigo Cortès, met en scène un homme, pris en otage, qu’on a enfermé dans une boîte, elle-même enterrée, où il ne dispose que de 90 minutes d’oxygène.

Avec son nouveau film (disponible sur Netflix), d’ailleurs tourné juste après le premier confinement, c’est un challenge du même ordre qu’a voulu relever Alexandre Aja. Filmer un personnage, en l’occurrence Mélanie Laurent, ne pouvant évoluer (si l’on peut dire) que dans un espace extrêmement réduit (ce qui conduit, d’ailleurs, à un paradoxe sidérant, à propos duquel je ne peux en dire davantage, car il faut en laisser la surprise à ceux qui regarderont le film).

Une femme (Mélanie Laurent, donc, qui joue son rôle avec un sacré brio) s’éveille brusquement, pour découvrir qu’elle est enfermée dans un caisson cryogénique. Pourquoi est-elle là ? Qui l’a enfermée dans ce lieu ? Dans quel but ? Ayant perdu la mémoire, elle ne peut répondre à aucune de ces questions ? Elle crie, elle hurle, elle se débat, se dépouille, autant qu’elle peut, des instruments de perfusion et autres auxquels elle est reliée. Et bientôt, elle découvre, avec stupeur, qu’elle ne dispose que d’une quantité limitée d’oxygène et que celle-ci s’épuise rapidement.

Heureusement pour Mélanie Laurent, elle a bientôt la possibilité de parler à quelqu’un, si l’on peut dire, et d’obtenir des réponses (mais aussi, assez souvent, des refus ou des impossibilités de répondre). Son interlocuteur n’est autre qu’un ordinateur puissant doté d’une voix humaine monocorde (on reconnaît celle de l’excellent Mathieu Amalric). Toujours est-il que, par ce biais, elle parvient, non sans peine, à reconstituer des bribes de sa propre histoire, mais également à entrer en contact avec des personnes, entre autres de la police, qui promettent de tout faire pour la secourir. Le compte à rebours, néanmoins, continue de s’égrener, la réserve d’oxygène s’épuise et la pauvre Mélanie Laurent doit, en surplus, se battre, à plusieurs reprises, contre un bras mécanique muni d’une seringue, dans le but de lui injecter un produit sédatif dont elle ne veut pas.

Impossible d’en écrire davantage sur un scénario qui ne manque pas de rebondissements et se dote d’un twist, autrement dit d’un retournement, final qui ne manque pas d’allure et donne même le tournis. Nous qui en avons assez des confinements, sommes-nous prêts à nous laisser captiver par cette histoire d’enfermement particulièrement anxiogène ? Après tout, comparés à ce que doit subir Mélanie Laurent dans le film, nos confinements successifs nous paraitront bien peu de chose. Et puis, soutenu par le talent de Mélanie Laurent, Alexandre Aja réussit, plutôt bien, malgré quelques longueurs ou quelques idées scénaristiques banales (les rats !), à tenir en haleine le spectateur. Le film est bien conçu, bien réalisé, oppressant et, au bout du compte, vertigineux ! 

7/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Thriller
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