Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CE QUI RESTE

Un film de Anne Zohra Berrached.

 

 

Nous sommes en Allemagne, dans la deuxième moitié des années 1990, lorsque Asli, une jeune étudiante en médecine d’origine turque, fait la connaissance de Saeed, un Libanais ayant fui la guerre qui ravage son pays pour faire des études de dentiste, tout en rêvant de devenir pilote. Au cours d’un jeu organisé par un groupe d’étudiants, c’est le coup de foudre. Ils tombent follement amoureux l’un de l’autre et entament une liaison. Rapidement cependant, se pose la question du mariage, en particulier pour Saeed pour qui il ne peut être question, dit-il, de « vivre comme les Allemands », autrement dit dans le concubinage. Pour Asli, le problème, c’est d’en parler à sa mère pour qui il est inconcevable d’avoir pour gendre « un Arabe » ! Le mariage doit donc avoir lieu sans accord parental du côté de la jeune femme, mariage en présence d’un imam, mariage au cours duquel Asli doit promettre de ne jamais dévoiler aucun secret concernant son époux.

Or, des secrets et des mystères, il ne tarde pas à y en avoir. Car, bientôt, Asli doit se rendre à l’évidence : son mari change. Lui qui, au départ, lui avait donné le sentiment d’être quelqu’un d’ouvert et aimant faire la fête, se met à fréquenter régulièrement la mosquée et à proférer des propos vilipendant les Juifs tout comme les mœurs des pays occidentaux. La romance du début du film laisse place à tout autre chose. Et ce sont cinq années de la vie de ce couple qui sont dépeintes. Cinq années d’un processus de radicalisation du côté de Saeed et d’incompréhension, voire de déni, du côté d’Asli. C’est d’ailleurs le point de vue de la jeune femme qui est privilégié tout au long du film : celui d’une épouse déstabilisée, déboussolée, abandonnée pendant plusieurs mois par son mari parti au Yémen, mais celui d’une épouse qui se raccroche, comme elle peut, à son amour et qui veut croire à un retour au bonheur. Jusqu’à l’irrémédiable et à ce plan final, qui ne manque pas d’originalité : Asli, stupéfaite, observée par des sosies, autrement dit toutes celles qu’elle aurait pu être si son chemin n’avait pas croisé celui de Saeed.  

7,5/10

 

                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Drame
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :