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EMPLOYÉ/PATRON

Un film de Manuel Nieto Zas.

 

 

Disons d’emblée qu’il ne faut pas trop se fier au titre français qui laisse présager un film binaire avec, d’un côté, un employé sympathique et exploité et, de l’autre, un patron forcément retors et exploiteur. Cette opposition on ne peut plus simpliste n’est pas de mise ici. Ce que le réalisateur s’emploie à suggérer s’avère bien plus complexe que cette simple antinomie. Au début du film, d’ailleurs, le cinéaste se plaît à souligner les points communs entre les deux hommes, plutôt que leurs différences. Tous les deux, aussi bien Rodrigo (Nahuel Perez Biscayart), le patron, que Carlos (Cristian Borges), l’employé, sont de jeunes mariés dont les épouses respectives viennent de donner naissance à leur premier enfant.

Nous sommes en Uruguay, tout près de la frontière du Brésil, sur un vaste territoire sans relief où Rodrigo a hérité de son père une exploitation produisant, en majorité, du soja. Or, du fait d’intempéries et de fortes pluies, les cultures sont menacées, ce qui oblige le jeune patron à recruter, dans l’urgence, un employé de plus, afin d’assumer au mieux la somme de travail supplémentaire. Carlos accepte ce travail, s’attelle à la tâche, mais, un jour que des membres de sa famille viennent à passer par là, il a la malencontreuse idée de faire monter à bord de son tracteur sa femme et son enfant. Distrait par leur présence, il oublie que le champ qu’il laboure est bordé par un fossé.

S’ensuit un grave accident qui fait basculer le film dans un registre nouveau. D’autres personnages interviennent, non seulement les épouses des deux protagonistes principaux, mais aussi les autres membres des familles, en particulier le père de Carlos et, plus encore, celui de Rodrigo. Le réalisateur met en place un habile suspense, autour d’une plainte éventuelle de la part de Carlos contre son patron, mais aussi d’un arrangement possible autour d’un cheval que convoite l’employé, en tout cas qu’il souhaite monter à l’occasion d’une course. S’il la gagne, cela pourrait rapporter gros. Ce scénario est captivant, d’autant que le réalisateur prend bien soin de préserver la part d’ambiguïté des personnages. Et si la distance sociale semble parfois se réduire à presque rien, des événements et les paroles qu’ils entrainent se chargent d’en rappeler la réalité. 

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films, #Drame
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