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EN MÊME TEMPS

Un film de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

 

 

Leur regard, volontiers décalé mais plein d’empathie, sur la société les amenait à mettre en scène, de préférence, les laissés-pour-compte ou les marginaux, et cela leur réussissait plutôt bien. Malheureusement, cette fois-ci, peut-être par besoin de renouveler leur propos, Benoît Delépine et Gustave Kervern ont quitté leur univers habituel pour celui des élites. Certes, cela reste assez modeste, puisque nous avons affaire à des hommes politiques de quelque territoire de province qui n’est pas clairement situé. Tout de même, c’est un changement de regard pour les deux réalisateurs et un changement qui tourne vite à l’échec.

Ce n’est pas parce qu’ils ont sacrifié leur style à la fois décomplexé et décalé, c’est plutôt parce que le sujet ne leur convient pas et que tout tourne à vide. On s’amuse, certes, au début du film, de voir Didier Béquet (Jonathan Cohen), caricature d’un maire de droite affichant éhontément sa misogynie et son racisme et prêt à toutes les entourloupes pour faire aboutir un projet de parc de loisirs, et son rival Pascal Molitor (Vincent Macaigne), un écologiste bien évidemment opposé à la construction de ce centre. Or le premier, espérant, par ce biais, embobiner le second, l’invite au restaurant, invitation qui, bien plus tard, alors que les deux hommes sont éméchés, se poursuit dans un bar à hôtesses. C’est là que l’une d’elles (India Hair), activiste féministe qui s’est infiltrée en ce lieu, parvient à les coller l’un à l’autre, comme s’ils étaient d’inséparables amants.

Voilà donc nos deux zozos de la politique obligés de se comporter en quadrupède et cherchant désespérément un moyen de se séparer l’un de l’autre. Ce point de départ, totalement absurde, aurait pu donner lieu à un film délicieusement déjanté. Or, les deux réalisateurs ne parviennent à dérouler qu’une suite de sketchs sans originalité et dont l’humour tombe toujours à plat. Pis que tout, la direction d’acteurs et d’actrices s’avère, assez souvent, désastreuse, ce qui conduit à une déplorable inversion du propos. Si les deux réalisateurs (et c’est sans doute le cas) ont voulu, au moyen de leur farce, soutenir certaines luttes féministes, dénoncer le patriarcat, ils sont complètement passés à côté de cet objectif. Ils l’ont même carrément saboté, tant les prestations des actrices du film paraissent déficientes.

3/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Comédie
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