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RODÉO

Un film de Lola Quivoron.

 

Les rodéos urbains ayant défrayé la chronique au cours de l’été, ce film risque d’être boudé par les amateurs de cinéma peu désireux de soutenir un film ayant précisément pour thème ce sujet. Précisons-le donc tout de suite, malgré son titre, ce n’est pas ce thème qui est, à proprement parler, au cœur du film, même si l’on y voit quelques scènes montrant des motards effectuant des figures acrobatiques sur leurs engins, figures auxquelles ils se livrent d’ailleurs non pas en milieu urbain, mais plutôt sur des morceaux de bitume désaffectés, à l’extérieur de la ville.

Ce qui intéresse manifestement Lola Quivoron, réalisatrice dont c’est le premier long-métrage, c’est bien plutôt de brosser le portrait d’une jeune fille marginale qui trouve, il est vrai, dans le plaisir de la moto un exutoire et une passion qui, littéralement, la hantent, la possèdent. Julia (Julie Ledru, formidable révélation du film), entre dans le film, dès la première scène, filmée caméra à l’épaule, en y infusant une énergie qui laisse pantois. Rien ne semble pouvoir arrêter cette fille-là. Sa passion pour la moto, elle est prête à tout pour l’assouvir, y compris au moyen d’une combine qui lui permet de voler des engins motorisés à la barbe de leurs propriétaires.

Et bientôt, c’est vrai, elle cherche à s’immiscer dans un groupe de motards se livrant à des rodéos à la périphérie de la ville. Dans ce milieu très masculin, sa présence ne va pas de soi. Elle s’impose néanmoins avec un incroyable culot. Elle a d’ailleurs si peu froid aux yeux qu’elle se retrouve, plus tard, agrégée à un groupe se livrant à des vols et des trafics et obéissant tous à un caïd qui, depuis la prison où il est incarcéré, donne les ordres (grâce à la complicité d’un surveillant !). Julia elle-même est amenée, grâce à sa réputation de voleuse de motos, à répondre aux ordres du chef de gang emprisonné. Mais cela la conduit aussi à faire la connaissance de la compagne de ce dernier et de son enfant, surveillés eux aussi, depuis sa cellule, par le caïd qui s’informe de tout. Or Julia ressent un sentiment de proximité avec cette femme et son enfant. Ainsi la réalisatrice parvient-elle à affiner son personnage, en évitant de la réduire aux seuls stéréotypes du « garçon manqué », comme on dit.

Malgré quelques limites, une tentative maladroite d’insérer dans le film une séquence à la limite du fantastique par exemple, ce long-métrage parvient sans peine à séduire, ne serait-ce qu’à cause de la performance d’actrice de Julie Ledru, parfaitement à l’aise pour jouer son personnage de jeune marginale (type de rôle traditionnellement dévolu au cinéma à des acteurs plutôt qu’à des actrices).  Si l’on peut peut-être s’agacer quelque peu d’un trop-plein de scènes filmées caméra à l’épaule avec abondance de gros plans, on n’en est pas moins fortement impressionné par les scènes de groupe, réalisées avec un sacré brio. Les débuts de la cinéaste Lola Quivoron sont prometteurs, c’est le moins qu’on puisse dire.  

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Drame
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