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SAINT OMER

Un film d’Alice Diop.

 

 

Des films de procès, le cinéma n’en manque pas. Pourtant, c’est un genre à risque, qui peut aisément s’égarer dans une forme répétitive, bien peu attrayante pour le spectateur. Certains cinéastes de jadis, André Cayatte (1909-1989) par exemple, se montrèrent assez habiles et réussirent à contourner cet obstacle ou, au contraire, à magnifier, d’une certaine manière, les scènes de plaidoirie.

Malheureusement, ce savoir-faire, Alice Diop semble en être plutôt dépourvue. En s’emparant d’une affaire d’infanticide survenue à Berck-sur-Mer le 19 novembre 2013, en n’en proposant quasiment qu’une seule approche, celle des interminables plaidoiries, des rituels d’une cour d’assises et de la succession monotone des interrogatoires, en optant pour une telle rigueur, si elle parvient à quelque chose, c’est surtout à rendre son film terne, si ce n’est rebutant. Pour couronner le tout, les personnages qu’elle met en scène manquent tellement d’expressivité qu’ils ennuient, à commencer par l’accusée, Laurence Coly  (Guslagie Malanda), femme insaisissable dont les propos, quels qu’ils soient, paraissent presque désincarnés. Pourtant, le film se concentre sur elle, sur son visage impénétrable et énigmatique, sur sa personnalité, son histoire : elle est tellement au centre de toutes les attentions qu’on en oublie presque qu’un autre visage s’en est allé pour toujours, celui de sa propre fille qu’elle a tuée.

Les autres intervenants du film, en particulier la mère et le mari de l’accusée, ne font guère impression non plus, pas davantage qu’une enseignante, elle-même enceinte, qui a fait le déplacement pour assister au procès. Quant aux références à la mythologie, en l’occurrence à Médée qui fut la meurtrière de ses propres enfants, elles n’apportent, en vérité, pas grand-chose au propos du film. En fait, il faut attendre la toute fin de celui-ci pour entendre enfin quelque chose d’intéressant, une clé d’interprétation qui semble judicieuse, énoncée par l’avocate de l’accusée. Un peu tard cependant pour nous sortir vraiment de notre torpeur !  4/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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