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FUMER FAIT TOUSSER

Un film de Quentin Dupieux.

 

 

Le film le plus loufoque de l’année vient d’arriver sur nos écrans, qu’on se le dise ! À peine six mois après la sortie d’Incroyable mais vrai, qui était déjà pas mal déjanté, le nouveau film de Quentin Dupieux s’autorise une belle kyrielle d’extravagances, et c’est un plaisir qui ne se refuse pas !

Les films de Dupieux, précisons-le tout de suite, paraissent tous plus ou moins bricolés. Ils sont totalement dénués d’effets spéciaux impressionnants tels qu’on en voit dans les films à gros budget. Or, c’est précisément ce qui fait leur charme ou, en tout cas, c’en est un des éléments. J’en suis convaincu plus que jamais, il n’est pas nécessaire de recourir aux moyens qu’offre la technicité moderne pour faire du bon cinéma. Avec Dupieux, il suffit de bien peu de choses d’un point de vue purement technologique, mais d’une imagination débordante, fofolle et quasi puérile (dans un sens positif) et nous voilà emportés dans les histoires les plus farfelues et irrésistiblement subjugués.

Dans Fumer fait tousser, cela commence précisément par le regard d’un enfant. Sorti de la voiture de ses parents, il s’éloigne et aperçoit ses héros, ou plutôt ses super-héros, en pleine action, en train de combattre une horrible tortue ninja. Ce sont les membres de la Tabac Force et ils sont au nombre de cinq, chacun d’eux incarnant l’un des composants nocifs du tabac. Vêtus de leur ridicule combinaison, il y a là Nicotine (Anaïs Demoustier), Benzène (Gilles Lellouche), Mercure (Jean-Pascal Zadi), Ammoniaque (Oulaya Amamra) et Méthanol (Vincent Lacoste). Ces forces négatives du tabac, ils ne les vantent pas, au contraire, elles leur servent à vaincre les méchants du genre de l’horrible tortue, mais ils prennent bien soin de recommander de ne pas fumer.

Quoi qu’il en soit, nous voilà déjà en présence d’une belle et hilarante équipe de zozos. Mais ce n’est pas tout : leur chef, un rat en peluche à la gueule baveuse, les ayant contactés par écran interposé et estimant qu’il convient de réparer la cohésion du groupe, les envoie en séminaire dans un endroit isolé, au bord d’un lac. Et c’est là que, le soir, rassemblés autour d’un feu de camp, il leur vient l’idée de se raconter des histoires à faire peur. Et les histoires, en effet, se succèdent, toutes plus délirantes les unes que les autres, qui plus est racontées non pas seulement par les membres de la Tabac Force mais aussi par d’autres personnages totalement inattendus.

C’est ainsi que nous avons droit à l’histoire d’une femme qui, dans la maison de campagne où elle séjourne avec son mari et un couple d’amis, découvre dans une armoire un « casque à penser » (qui ressemble, tout simplement, à un casque à souder). Elle l’enfile et se met, en effet, à penser et à penser encore, mais surtout à penser autrement, différemment, et à ne plus vouloir s’arrêter de penser de cette façon, y compris en pensant très fort qu’elle ne supporte pas la stupidité ni de son mari ni de leur couple d’amis au point qu’elle voudrait bien se débarrasser d’eux. On peut imaginer ce qui suit. Tout comme on peut essayer de se représenter l’histoire d’un apprenti menuisier coincé dans un broyeur à bois, de plus en plus coincé, et pourtant ne cessant d’affirmer que tout va bien. Le reste est à l’avenant.

En fin de compte, qu’il s’agisse des histoires racontées par les personnages ou non, tout, dans le film, est du même acabit, réjouissant, perturbant, potache. Ainsi de l’apparition à l’écran d’un robot censé assister les membres de la Tabac Force, robot qui doit bientôt être remplacé par un sosie, néanmoins apparemment moins performant que le précédent. Ou encore de la survenue de Lézardin (Benoît Poelvoorde), un méchant venu d’on ne sait quelle galaxie et qui semble résolu à détruire la planète Terre ! Avec Dupieux, la comédie est reine, sans doute, mais elle s’accompagne toujours d’éléments dérangeants. Sous l’apparence de la fantaisie pure, il y a autre chose : peut-être, comme souvent chez les grands comiques, un fond de mélancolie.  

8/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

 

Tag(s) : #Films, #Comédie
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