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LA SYNDICALISTE

Un film de Jean-Paul Salomé.

 

 

Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney, une syndicaliste CFDT du groupe AREVA est retrouvée, à son domicile, cagoulée, bâillonnée et ligotée les mains dans le dos, avec la lettre A scarifiée sur son ventre et un couteau enfoncé par le manche dans le vagin. L’affaire est authentique, tout comme le nom de la syndicaliste, ainsi que de tous les protagonistes qui apparaissent dans le film. Pas question, pour le réalisateur, d’utiliser des pseudonymes. À partir de ce fait particulièrement sordide, Jean-Paul Salomé, dont c’est certainement le meilleur film à ce jour, déroule, en deux temps, avant et après la supposée agression, le fil des événements, leur donnant à la fois l’allure d’un film-dossier très documenté et celui d’un thriller palpitant.

C’est ainsi qu’il nous est donné, dans un premier temps, de voir Maureen Kearney, à qui la formidable Isabelle Huppert prête ses traits et surtout son talent qui n’est plus à vanter, à l’œuvre dans sa fonction de syndicaliste, tout entière vouée à la défense des emplois des salariés d’AREVA. Pour ce faire, elle est amenée à dialoguer d’abord avec Anne Lauvergeon (interprétée par une Marina Foïs qui parvient admirablement à rendre son personnage ambigu à souhait), puis avec Luc Oursel (Yvan Attal), le nouveau patron du groupe, qui, dans un premier temps hypocritement affable, devient très vite un adversaire odieux. Sa colère envers la syndicaliste s’explique par le combat déterminé de celle-ci pour contrecarrer un projet d’accord avec des Chinois qui, s’il aboutissait, conduirait le groupe à licencier massivement ses salariés.

Après avoir été harcelée par de nombreux messages menaçants, Maureen Kearney est donc retrouvée chez elle, victime d’une agression. Commence alors, très bientôt, un autre combat car on ne tarde pas à vouloir faire passer la syndicaliste pour une affabulatrice. Les méthodes des enquêteurs et, en particulier, de l’adjudant-chef Brémont (Pierre Deladonchamps), paraissent pour le moins orientées, mais rien n’y fait. Il faudra un long combat, un combat obstiné, à Maureen Kearney et à ses proches (en particulier son mari, joué par l’excellent Grégory Gadebois) pour blanchir celle que, désormais, l’on présente volontiers comme une mythomane. Dans un rôle où il faut passer, parfois dans un même plan, de la ténacité au désarroi, de l’opiniâtreté à l’angoisse et au doute, Isabelle Huppert s’avère être une actrice idéale.   

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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