Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

SICK OF MYSELF

Un film de Kristoffer Borgli.

 

 

Tendre un miroir à l’époque contemporaine, à ce besoin irrépressible de s’auto-afficher, de se montrer, de se mettre soi-même en scène, pas seulement sur les réseaux sociaux mais partout : un narcissisme qui peut conduire aux excès les plus étonnants. Qu’importe les risques encourus, pourvu que tous les regards soient tournés vers soi ! C’est cette tare de notre temps que veut sonder ce film en mettant en scène l’histoire d’une jeune femme prénommée Signe (Kristine Kujath Thorp) qui, pour attirer l’attention sur elle, se rend gravement malade. L’idée lui vient le jour où elle vient en aide à une femme mordue par un chien. Couverte de sang, plutôt que de se changer, elle traverse la ville (probablement Oslo) avec son t-shirt tout rouge d’hémoglobine, concentrant sur elle les regards de tous les passants. Plus tard, elle apprend l’existence d’un médicament russe qui, pris à haute dose, provoque une maladie de la peau des plus hideuses à voir. Mariée à un sculpteur qui réalise des œuvres bien peu convaincantes mais qui jouit néanmoins d’un certain succès, elle ne supporte pas de n’être pas elle-même celle qu’on regarde et qu’on admire (ou qu’on plaint, peu importe, pourvu qu’on s’intéresse à elle). Ayant réussi à se procurer le médicament russe, elle en consomme abondamment et devient ainsi un centre d’attraction : à défaut d’être admirée, qu’on la prenne donc en pitié ! Et le film bascule dans l’horreur : le visage de plus en plus déformé de Signe, objet de répulsion mais aussi d’une sorte de fascination malsaine, c’est l’extériorisation de la souffrance de la jeune femme, prête à tout pour qu’on la regarde, même si c’est avec dégoût ou avec commisération.

Cela étant dit, il faut malheureusement déplorer une mise en scène répétitive, peu inventive, redondante. On peut avoir le sentiment, pendant la majeure partie du film, que, si le réalisateur a cherché à renvoyer aux spectateurs un sujet en phase avec l’époque, un sujet qui en soi ne manque pas d’intérêt, il n’a pas vraiment su en faire autre chose qu’une satire lourdaude. Dans la veine de quelques autres cinéastes scandinaves, comme Ruben Östlund et Thomas Vinterberg, Kristoffer Borgli s’ingénie à critiquer l’époque et ses dérives mais en chargeant tellement son personnage principal (qui plus est, une femme !) qu’on a beau faire, on a bien de la peine à y croire ! 

5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :