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J’ENTENDS J’ENTENDS

Un album de poèmes de Louis Aragon chantés par divers interprètes.

 

 

Nombreux sont les poètes dont les œuvres ont été mises en musique et chantées. En somme, leurs poésies sont devenues chansons. On aurait bien tort de trouver cela dégradant. Au contraire, comme l’avait bien compris Louis Aragon (1897-1982) qui considérait que la mise en musique de ses vers était « une forme supérieure de la critique », c’est, pourrait-on dire, le sort le plus enviable qui peut être réservé aux poèmes. Qu’ils soient chantés s’ils sont, comme il se doit, « musique », selon le vers fameux de Verlaine !

Louis Aragon a été si bien servi dans ce domaine qu’on ne peut qu’en revenir, encore et encore, à lui, à ses poèmes qu’on ne se lasse pas d’écouter chanter. L’album édité par EPM à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort du poète (survenue le 24 décembre 1982), s’il reprend des poèmes bien connus des amateurs de chansons françaises, parce que mis en musique et interprétés par des artistes ô combien talentueux (essentiellement Léo Ferré et Jean Ferrat, mais aussi Georges Brassens pour Il n’y a pas d’amour heureux), n’en a pas moins cette originalité d’avoir confié leurs reprises à d’autres interprètes. L’exercice se révèle périlleux, tant nous sommes habitués à entendre ces poèmes chantés par les voix typés de leurs interprètes d’origine et avec des arrangements qui nous sont devenus familiers. Néanmoins, il faut se souvenir que nombre de ces poèmes-chansons avaient déjà été repris par d’autres interprètes que Léo Ferré et Jean Ferrat et ce depuis fort longtemps. Colette Magny, Marc Ogeret, Catherine Sauvage, Francesca Solleville et Hélène Martin, parmi d’autres, s’y essayèrent avec succès. Rien de plus naturel, par conséquent, que ces chansons soient intégrées aux répertoires de certains chanteurs-interprètes d’aujourd’huI. Pour nos oreilles, pour notre sensibilité, pour notre attention aux textes, ces voix nouvelles, ces arrangements inédits sont les bienvenus. Ils nous font redécouvrir vingt poèmes-chansons que nous connaissons ou croyons connaître trop bien avec un intérêt renouvelé.

Place donc au fameux Aimer à perdre la raison par le Trio Ayónis, à le superbe Il n’aurait fallu par Louis Capart, à L’Affiche rouge par Cello Woman, à J’entends j’entends  par Paule André Cassidy, à L’Etrangère par Sanseverino, à Un jour j’ai cru te perdre par Annick Cisaruk, à Elsa par Hélène Grandsire, à la Complainte de Pablo Neruda par Véronique Pestel, etc. En les écoutant, en les savourant même, ce qui paraît évident, c’est que, quarante ans après sa mort, Aragon reste (et c’est justice, je le crois) l’un des poètes français les plus appréciés. 

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Poésies, #Chansons, #Musiques
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