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LÀ OÙ LA JOIE SE LOGE

Un album de 14 chansons interprétées par Jehan.

 

 

Jehan (de son vrai nom Jean-Marie Cayrecastel) est un chanteur-compositeur-interprète originaire du Midi de la France à qui l’on doit une dizaine d’albums de chansons depuis 1996, année de parution d’un premier cd entièrement consacré au grand poète et parolier que fut Bernard Dimey (1931-1981). Il fut suivi, en 1998, d’un deuxième album lui aussi voué au même auteur. L’album suivant, sorti en 1999, particulièrement remarquable, reprenait des textes d’un autre grand parolier de chansons, Allain Leprest (1954-2011), ainsi que de Loïc Lantoine. D’autres albums se succèdèrent jusqu’à celui qui vient de paraître, Là où la joie se loge.

S’il n’écrit pas les textes de ses chansons, il en compose néanmoins assez souvent la musique. Dans tous les cas, Jehan est un interprète facilement identifiable. Il y a du style chez lui et pas seulement parce que sa voix teintée de l’accent du Midi et quelque peu rocailleuse, sa voix qui roule la Garonne, se reconnaît entre toutes. Il suffit de comparer ses interprétations des chansons qui furent chantées par leurs propres auteurs-compositeurs (ou autrices-compositrices) pour percevoir combien Jehan se réapproprie les textes et les musiques pour les faire siens en leur donnant des couleurs nouvelles. Jehan n’est pas un imitateur, il est un véritable interprète et qui ne manque pas de personnalité.

Des 14 chansons du nouvel album, pas une n’est insignifiante. Au contraire, c’est, pour chacune d’entre elles, un ravissement et pour les oreilles et pour l’intelligence et pour le cœur. Et comment mieux commencer cet album qu’avec un poème de Baudelaire (Moesta et errabunda) mis en musique par Jehan lui-même, avec une interprétation tout en lyrisme, de ce fameux poème qui évoque merveilleusement « le vert paradis des amours enfantines » ?

Vient ensuite La Musique, chanson du Québécois Jean-Pierre Ferland, sur cette guérisseuse de nos maux (« la musique mon trésor »). Jehan reprend aussi deux titres d’Allain Leprest, Les rues du monde et, surtout, SDF, un des titres-phares de cet auteur, dans une interprétation libre, personnelle. Par les villages est un beau texte parlé sur fond musical, texte écrit par Peter Handke (« Entraine les autres dans ce qui est profond… »). Et il y a Le Baobab, paroles du tant regretté Jean-Roger Caussimon (1918-1985) et J’aimerais tant savoir de Bernard Dimey qui nous parle de façon si émouvante d’un homme seul songeant à la femme auprès de qui il voudrait s’éveiller.

Avec toi le déluge, qui vient ensuite, est une chanson d’Anne Sylvestre et Le gardien de phare a pour parolier rien moins que Claude Nougaro. Le crépuscule des vieux, paroles de Marc Favreau, est un texte sensible et teinté d’humour, ou peut-être d’ironie : « Ils sont bien les vieux !... Ils ont personne qui les oblige à travailler… » ! Je ne t’aime pas nous parle de désir violent qui n’ose pas se dire « amour ». Quatre-vingts beaux chevaux est de Michèle Bernard, Rondelle de l’adieu de Edmond Haraucourt (« C’est son âme que l’on sème à chaque adieu ») et, enfin, Un p’tit bout de chemin de Olivier Taffin (« On s’aime aussi comme ça/Tous en couleurs au hasard/Toujours à deux pas d’un passant triste »).

Quant aux arrangements musicaux, aux mélodies, aux instruments, aux rythmes, ils sont à la fois simples et inventifs, avec, sur certains titres, des accents jazzy qui rappellent Nougaro.

Si vous ne connaissez pas encore Jehan, n’hésitez pas : c’est un chanteur-interprète qu’il est impossible, à mon sens, de ne pas apprécier !   

8,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Chansons, #Musiques, #Poésies
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