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CHARLIE CHAPLIN, L’HOMME-ORCHESTRE

Une exposition à la Philharmonie de Paris.

 

 

Chaque occasion de découvrir ou redécouvrir le cinéma de patrimoine, chaque mise à l’honneur des « vieux films », me met en joie. Moi-même, je ne rate aucun prétexte à voir et à montrer ce cinéma-là, y compris, bien évidemment, celui qu’on appelle « muet ». Le mieux, pour commencer, me semble-t-il, c’est de se plonger dans l’univers désopilant des artistes du burlesque, de Charley Chase, Harold Lloyd, Buster Keaton ou encore de Laurel et Hardy. On pourra ensuite partir à la découverte de films différents, réalisés par des génies du cinéma comme Murnau, Fritz Lang ou Frank Borzage, pour ne citer que quelques noms. Mais, bien sûr, le nom qui vient tout de suite à l’esprit, celui dont on ne peut se lasser, c’est Charlie Chaplin. Il n’a pas vieilli, semble-t-il, ou, en tout cas, on se régale toujours autant à le voir. Je puis l’affirmer car, à l’exposition que la Philharmonie de Paris a eu l’excellente idée de programmer, Charlie Chaplin l’homme-orchestre, le jour où j’y suis allé, il se trouvait beaucoup d’enfants à qui leurs parents avaient proposé cette sortie. Or ces enfants, manifestement, étaient complètement fascinés par les nombreux extraits de films diffusés à divers endroits de l’exposition, ils les regardaient avec un évident bonheur.

Charlie Chaplin amuse toujours autant les enfants et comble toujours autant les adultes. Son art, à nul autre pareil, n’a pas fini d’émerveiller, et c’est heureux. Il y aurait bien des choses à dire à ce sujet, et les commentaires et les analyses ne manquent pas, mais la mise en évidence de l’aspect musical des œuvres de Chaplin, proposée par la Philharmonie, semble particulièrement pertinente. La musique, ou ce qui s’apparente à elle, est omniprésente, en effet, dans ses films et ce, dès l’époque du cinéma muet. N’oublions que ces films, qu’on appelle « muets », n’étaient jamais projetés sans un accompagnement musical, souvent un simple piano, parfois plusieurs instruments ou même tout un orchestre. Il fallait aussi compter, dans certaines salles, avec la présence de bruiteurs. Evidemment, à l’époque de ce cinéma-là, Charlie Chaplin n’avait aucune maîtrise des musiques qui étaient programmés pendant la projection de ses films. Mais déjà, ne serait-ce que par sa gestuelle si spécifique et par les thèmes qu’il abordait, la musique ou, peut-être, plus précisément, la danse était un élément primordial de ses réalisations. Cet aspect trouve son expression la plus aboutie dans Une idylle aux champs, film de 1919 dans lequel une scène a été directement inspiré par la prestation du danseur Nijinski dans L’Après-midi d’un Faune (musique de Debussy).

Avec l’arrivée du cinéma parlant, même si Chaplin persiste pendant longtemps à réaliser des films qui ressortissent toujours à l’esthétique du muet, il peut enfin avoir la maîtrise entière de son œuvre, y compris des bandes-son. Il ne s’en prive pas et réalise les scènes inoubliables des longs-métrages de sa maturité, y intégrant aussi bien des airs populaires que des extraits d’œuvres de grands compositeurs comme Rimski-Korsakov, Tchaïkovski ou Wagner, ou encore ses propres compositions. Car Charlie Chaplin a toujours été lui-même musicien, apprenant très tôt le violon et ne manquant pas une occasion de donner à ses films une empreinte musicale. Dans les films de la maturité, Le Kid (1921), La Ruée vers l’Or (1925), Le Cirque (1928), Les Lumières de la Ville (1931), Les Temps modernes (1936), Le Dictateur (1940) ou Les Feux de la Rampe (1952), la musique est omniprésente et nous vaut un nombre impressionnant de scènes d’anthologie, tant Charlie Chaplin est habile à coordonner son jeu d’acteur avec les plages musicales qu’il choisit. L’exposition de la Philharmonie est précieuse parce qu’elle met cet aspect en évidence, le souligne à bon escient. Cela étant dit, si l’on ne peut visiter cette exposition, il reste le meilleur recours qui soit : voir et revoir les films de Chaplin. On n’aura jamais fini de les apprécier.

10/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Cinéma, #Musiques, #Réalisateurs, #Cinéma de patrimoine, #Exposition
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