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HOMMAGE À BERTRAND TAVERNIER

« Un passeur formidable qui aura beaucoup compté dans ma cinéphilie ». « Son blog va me manquer ! C'était toujours si intéressant d'avoir ses recommandations en films et livres. Et même si je n'ai jamais participé, j'ai toujours trouvé vraiment sympa la façon dont il répondait aux commentaires. » « Je crois n'avoir jamais été aussi triste à cause de la disparition d'un artiste. » « Pour moi l'un des plus grands passeurs de cinéma que j'ai pu lire, écouter, doublé d'un très grand cinéaste. Il m'a fait découvrir tellement de films oubliés, au moment où je termine son excellent livre, Amis américains. Sa gentillesse et son érudition, et ses conseils me manqueront. » « Il n'en reste vraiment plus beaucoup des grands passeurs comme lui, présents depuis les années 50/60, avec une telle générosité, une intarissable volonté de faire partager sa passion, ce regard lucide et engagé. Il disait que le cinéma l'avait aidé à vivre, lui avait sauvé la vie. » « Il projetait toujours l'image de quelqu'un de simple, accessible, et avec toujours une volonté de transmettre... Il va nous manquer, mon dieu quel cafard ! » « Si je suis sur ce forum, si j'ai toujours la même soif de de découvertes cinéphiles, c'est en premier lieu à Bertrand Tavernier que je le dois. Même si ma "cinéphilie" a commencé un peu plus tôt, la sortie de 50 ans de cinéma américain en 1991, livre offert par mes parents pour mes 18 ans, restera peut-être mon plus beau cadeau en même temps que le véritable déclencheur de cette cinéphilie qui ne m'a plus quittée jusqu' à présent. » « J'ai le sentiment d'avoir perdu un ami. Il m'a accompagnée depuis le frémissement de ma cinéphilie quand j'avais enregistré Le juge et l'assassin sur l'une de mes premières VHS. Puis j'ai découvert ses films en salle : La mort en direct, bouleversée par Romy Schneider, le magnifique Un dimanche à la campagne dont je ne me lasserai jamais, La passion Béatrice, âpre et austère que je rêve de revoir, La vie et rien d'autre, rien que pour la magnifique lettre de Noiret, L.627 et Ça commence aujourd'hui pour leur vision juste de notre société, jusqu'à Voyage à travers le cinéma français, le dernier cadeau qu'il nous a offert. » « Je me souviens l'avoir croisé plusieurs fois, lors de conférences ou présentations de films, et il était à chaque fois hyper abordable et ne rechignait jamais à discuter. J'avais même l'impression d'avoir face à moi une sorte de vieux pote cinéphile. » « J'avais eu la chance de le croiser à plusieurs reprises notamment au festival Premiers Plans d'Angers. Il était très abordable et toujours passionnant. » « Il savait faire aimer le cinéma. Merci pour vos écrits et vos films Mr Tavernier. »

Comment mieux rendre hommage, ce matin, le lendemain de l’annonce de son décès, à Bertrand Tavernier, qu’en transcrivant quelques-unes des réactions glanées, comme un beau florilège de mercis, sur le forum du site DVDCLASSIK ? Quelle unanimité, hier, pour écrire à quel point l’excellent cinéaste et l’ardent, le passionné et passionnant cinéphile que fut Bertrand Tavernier a compté dans chacun des parcours de ceux qui se sont exprimés ! Bien entendu, pour ce qui me concerne, c’est le même chagrin que je ressens à l’annonce de son départ, mais aussi et surtout la même gratitude envers cet homme qui sut, comme nul autre, faire aimer le cinéma, le sien sans nul doute, mais aussi celui des autres, avec la même ferveur, le même enthousiasme. Si beaucoup de cinéphiles, dont je fais partie, se sont passionnés, au fil du temps, pour les films de toutes les époques et de tous les pays, c’est certainement, pour une bonne part, à Bertrand Tavernier qu’ils en sont redevables. Tous les moyens étaient bons, pour ce dernier, quand il s’agissait d’explorer et d’inviter à explorer les films du monde. Il y eut, bien sûr, un livre, considéré par beaucoup comme une bible du 7ème art côté américain (50 ans de cinéma américain, co-écrit avec Jean-Pierre Coursodon). Il y eut aussi un blog qui, depuis des années, traitait des films sortis en DVD ou Blu-Ray. Il y eut les nombreuses interventions (toujours passionnantes) de Bertrand Tavernier dans les bonus de DVD. Sans compter la générosité du cinéaste quand il s’agissait de se déplacer pour un festival, une rétrospective, ou à l’invitation d’un ciné-club (ainsi à celui de Meaux dont il était l’un des parrains). Et n’oublions le formidable et précieux documentaire (augmenté d’une série sur le même thème) intitulé Voyage à travers le cinéma français, dans lequel Bertrand Tavernier célébrait le cinéma hexagonal, sans prétention d’être exhaustif puisque c’est impossible, mais avec une gourmandise de cinéphile totalement irrésistible. Et on en redemandait, tant l’écouter parler des films, des réalisateurs, des musiciens de cinéma, etc. était passionnant. Avec lui, on ne s’ennuyait jamais et l’on avait le désir irrépressible de voir tous les films dont il parlait. Il en fut de même, d’ailleurs, avec un support différent, celui des livres, car, depuis quelques années, Bertrand Tavernier dirigeait, chez Actes Sud, L’Ouest, le vrai, collection de romans sur l’Ouest américain et sa conquête : une vraie mine au trésor que ces westerns sous forme de romans, la plupart ayant été adaptés, précisément, au cinéma. Il était aussi le président de l’Institut Lumière et travailla, entre autres, à l’édition d’ouvrages consacrés aux films et aux cinéastes, ouvrages qui font référence pour les cinéphiles.

Que dire encore sur cet homme passionné, intarissable, sinon qu’il fut lui-même un grand réalisateur ? Sa filmographie abonde en longs-métrages de fiction marquants, depuis L’Horloger de Saint Paul en 1974 jusqu’à Quai d’Orsay en 2013, en passant par Que la fête commence (1975), Le Juge et l’Assassin (1976), Coup de torchon (1981), L 627 (1992), L’Appât (1995), Capitaine Conan (1996), Dans la brume électrique (2009), La Princesse de Montpensier (2010) et d’autres films encore. Toujours avec la même exigence, la même passion, la même clarté dans les engagements tout en se gardant de faire le moralisateur, le même entrain à vouloir sonder un peu d’avantage les abîmes du cœur humain mais en évitant soigneusement le psychologisme de bazar, en étant, beaucoup plus simplement, un raconteur d’histoires, ce qu’il savait faire admirablement.

Aujourd’hui, dès le lendemain de l’annonce de sa mort, l’on ressent, si l’on aime le cinéma, tout le cinéma et pas seulement les films d’aujourd’hui, comme un grand vide. Bien sûr, il ne s’agit pas de remplacer Bertrand Tavernier, mais comme on aimerait que surgissent d’autres transmetteurs, d’autres amoureux du 7ème art qui, eux aussi, aient cette passion chevillée au corps et sachent faire naître le goût du cinéma, y compris aux jeunes générations. En attendant, merci, merci de tout cœur, Bertrand !

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.
 

Tag(s) : #Cinéma, #Réalisateurs
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